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Focusing ACP

Le Focusing

Issu de la tradition « Centrée sur la Personne » de Carl Rogers, il fait partie de l’Approche Humaniste Expérientielle et s’inscrit dans le courant de la Thérapie Centrée sur la Personne et Expérientielle.

« Le corps a ses raisons que la raison ne connaît pas. »

Le focusing (ou centrage sur soi) est une approche corporelle de psychothérapie créée par l’Américain Eugene Gendlin au début des années 1970. Il se caractérise par une attitude d’attention au « senti », c’est-à-dire à ce qui se passe « en soi » : les émotions, les sensations kinesthésiques ainsi que les perceptions viscérales toutes à la fois. Ce senti dépasse la simple perception physiologique.

En anglais, le terme focusing veut dire « se concentrer sur » ou, comme en photographie, « faire une mise au point sur ». Il s’agit donc d’accompagner le senti afin de lui permettre de se préciser et de révéler des renseignements pertinents.

Gendlin a en effet avancé qu’il existe un « sens corporel » (bodily felt sense), c’est-à-dire que le corps « connaît » les problèmes auxquels la personne fait face. Mais l’information qu’il recèle ne peut pas se révéler entièrement par l’esprit, et certainement pas par la logique.

Les habiletés qu’il faut développer pour atteindre une bonne écoute du senti deviennent, au fil du temps, une attitude fondamentale de respect de soi et de « ce qui est ». La personne apprend à établir une « relation intérieure ». D’ailleurs, on peut se former à la pratique du focusing en dehors d’une relation thérapeutique.


Les images du corps

Le travail du thérapeute, de l’accompagnateur ou du formateur consiste à amener le sujet à établir sa relation intérieure sans se laisser court-circuiter par les représentations mentales. Car, au départ, le senti corporel avec lequel on cherche à entrer en contact est très flou. Graduellement, le senti laisse émerger des éléments personnels et spécifiques qui sont une manière imagée qu’a le corps de manifester sa connaissance. C’est ce qu’on appelle l’experiencing. Et ce sont ces éléments qui permettent au travail personnel d’évoluer.

Mais pour que la signification émerge, il faut prendre le temps de se mettre à l’écoute, sans jugement préconçu, sans idée préalable sur ce qui va survenir, et sans attentes. Il ne faut pas présumer de la solution, car c’est alors la tête qui décide, et la tête n’est qu’une partie de soi… Il faut donc laisser le corps (c’est-à-dire soi dans son entièreté) choisir ce qui est le mieux pour lui – ce qui présente un défi considérable.

Malgré l’aspect éminemment personnel de l’experiencing, on lui connaît des étapes que l’on peut résumer ainsi :

  • Apporter sa conscience dans son corps;
  • Établir le contact avec ce qui est là, à l’intérieur, et le décrire sans porter de jugement;
  • Accompagner la partie de soi qui souffre, sans s’identifier à elle ni l’exclure;
  • Écouter ce qu’elle a à dire;
  • Créer une relation à long terme avec elle.

On dit que le but d’une personne en thérapie de focusing n’est pas tant d’apprendre quelque chose à son propre sujet que de faire vraiment l’expérience d’elle-même.


Philosophie et psychologie

Focusing Philosophe de formation, Eugene Gendlin a travaillé avec Carl Rogers au Département de psychologie de l’Université de Chicago. Rogers était à mettre au point son « approche centrée sur la personne », qui allait faire école et inspirer profondément le mouvement psychothérapeutique de la deuxième moitié du XXe siècle. Dans sa recherche, Gendlin voulait notamment découvrir ce qui faisait qu’une psychothérapie fonctionne ou pas. En observant Rogers à l’œuvre, il en est arrivé à comprendre que l’important n’était pas de mettre l’accent sur la nature du problème (le contenu), mais sur le vécu du client (le processus). Car les personnes qui faisaient du progrès en thérapie semblaient généralement capables de développer l’habileté de porter attention à leur senti corporel et à le verbaliser.

Les images et les mots qui se manifestaient au moment où ils étaient attentifs à ces sentis semblaient porter des significations inédites, parfois la pièce manquante d’un casse-tête personnel. Et c’est ce type d’expérience qui leur permettait de se dégager d’une perception étriquée d’eux-mêmes ou de leur problème.

La grande contribution de Gendlin au monde de la psychothérapie et du développement personnel a été la découverte de cette ressource appelée « sens corporel » et l’élaboration du protocole qui permet de le soutenir et de le faire se déployer.

Gendlin a également défini un outil de mesure (Experiencing Scale) applicable à la capacité du sujet d’établir la relation intérieure. Dans la conclusion d’une synthèse de sept études sur l’efficacité de la psychothérapie (en général), un professeur émérite de psychologie humaniste, le Dr Jules Seeman, écrit : « Une grande capacité d’experiencing au départ est plus susceptible (que le hasard) de faciliter une thérapie enrichissante; et une amélioration du degré d’experiencing pendant la thérapie est associée à des résultats positifs. »

  1. Dans un livre publié en 2001 par l’American Psychological Association, on fait état de 39 recherches qui auraient permis d’observer que le degré d’experiencing d’une personne peut être amélioré par l’entraînement ou les interventions d’un psychothérapeute
  2. En 1980, Eugene Gendlin mettait sur pied le Focusing Institute dans le but de rassembler les ressources liées à cette approche et de créer un réseau international capable d’en assurer la formation. Depuis, le focusing a également été appliqué à d’autres secteurs, comme le travail social, l’éducation et la création. On a aussi créé une pratique qui s’appelle le « partenariat de focusing » (focusing partnership) où deux individus (non-psychothérapeutes) se rencontrent au moins une heure par semaine pour s’entraider dans l’exploration personnelle avec l’outil du focusing. Le site du Focusing Institute permet à d’éventuels partenaires de se jumeler.
  3. Comme approche psychothérapeutique, le focusing est un outil de connaissance de soi qui serait approprié pour résoudre un certain nombre de conflits intérieurs. On mentionne plus particulièrement les possibilités d’approfondir les relations interpersonnelles (focusing interactif), d’améliorer les compétences de communication, de réduire le stress, de prévenir l’épuisement professionnel et d’avoir un meilleur accès à sa créativité. Bien qu’il existe très peu de recherches scientifiques bien contrôlées confirmant l’efficacité de cette approche, le focusing permettrait de mieux se comprendre, d’alléger ses souffrances, de s’engager davantage dans la vie et d’acquérir une plus grande autonomie.
  4. Des séances de focusing pourraient aider des personnes à se rétablir après une maladie grave. Les résultats d’un essai clinique hasardisé, mené auprès de 12 personnes âgées de 30 ans à 55 ans ayant souffert de cancer dans les cinq années précédentes, ont révélé que six séances hebdomadaires de 90 minutes de focusing diminuaient de façon significative les symptômes de dépression et engendraient une attitude corporelle positive, comparativement au groupe témoin.
  5. Ces améliorations étaient toujours présentes six mois plus tard.

Section Applications thérapeutiques
Recherche et rédaction : Geneviève Asselin, M. Sc., Chaire en approche intégrée en santé, Université Laval
Révision scientifique : Dre Isabelle Marc, Claudine Blanchet, Ph. D., Chaire en approche intégrée en santé, Université Laval
(décembre 2008)

Focusing
En pratique et formations:

On peut suivre des ateliers pour s’initier au focusing. On peut aussi choisir un psychologue ou un psychothérapeute qui a été formé à cette technique. Les rencontres se passent alors en tête-à-tête avec le praticien qui agit comme « guide », mais qui ne donne pas d’interprétation du ressenti.

Le sujet cherche à prendre contact avec son ressenti et à l’exprimer. Pendant un certain temps, surtout au début, il peut avoir de la difficulté à décrire les images ou les sensations qui se forment. Le thérapeute pose alors des questions susceptibles de favoriser plus de précision, toujours en relation avec le senti corporel : « Cette sensation est-elle lourde ou légère? », par exemple. Chaque fois que le sujet s’égare dans les considérations mentales, le thérapeute le ramène à son corps. Quand l’image est assez précise, le thérapeute oriente ses questions pour que le sujet établisse une relation intérieure avec cette image. Ces nouvelles relations peuvent amener des découvertes inédites sur soi-même et un élargissement de son champ de conscience. C’est cela qui, indirectement, pourra entraîner des effets thérapeutiques.

Formations:

  • Pratique du focusing dans de nombreuses formations dans l’approche centrée sur la personne en tant que psychopraticien ( ne ) ACP;
  • Le focusing est internationalement reconnu et s’est développé dans de nombreux pays. L’Institut International de New York rassemble nombre d’informations concernant le focusing sur le site www.focusing.org et www.ifef.org;
  • Le Focusing Institute gère la formation et la certification spécifique que focusing. On y offre divers ateliers de base ainsi que la formation complète permettant de devenir un intervenant certifié (Certified Focusing Trainer). Voir les Sites d’intérêt.

Voici les deux principales publications d’Eugene Gendlin sur le sujet :

  • Focusing, Bantam, États-Unis, 1978.
  • Focusing-oriented psychotherapy – A Manual of the Experiencing Method, Guilford Press, États-Unis, 1996.

Quant à son seul livre en français:

  • Focusing – au centre de soi publié originalement en 1984, il a été réédité en 2006 aux Éditions de l’Homme, Canada.
  • Lamboy Bernadette. Devenir qui je suis : Une autre approche de la personne, Desclée de Brouwer, France, 2003;
    Une présentation des points communs entre le focusing de Gendlin et l’approche centrée sur la personne de Rogers. Théorie et cas cliniques.
  • Weiser Cornell A. The Power of focusing – A Practical Guide to Emotional Self-Healing. New Harbinger Publishing, États-Unis, 1996.
    En ce moment, c’est un des meilleurs livres disponibles pour un public non informé : un petit manuel facile d’accès avec de nombreux exemples sur comment pratiquer le focusing seul ou avec un partenaire et comment l’intégrer en psychothérapie.
  • Article de Bernadette Lamboy. Le Focusing, paru dans Le Journal de l’Association française des psychologues cliniciens, no 4, 1998. [Consulté le 12 janvier 2009]. www.focusing.org/focusing-francais.html

Voir aussi la liste des titres sur le site du Focusing Institute:

  • www.focusing.org
    Focusing – Sites d’intérêt
  • Diffusion Focusing Québec
    Site d’un organisme à but non lucratif qui présente des renseignements de toutes sortes.
    www.diffusion-focusing.org
  • The Focusing Institute
    L’organisme mis sur pied par Eugene Gendlin sert de référence à l’échelle mondiale, coordonne un réseau de formateurs et offre une formation post-diplôme. La liste des textes accessibles sur le site est impressionnante. Petite section en français.
    www.focusing.org
  • Institut de Focusing d’Europe Francophone (IFEF)
    Une association regroupant des membres de Belgique, de France, de Suisse et d’Italie.
    www.focusing-europefrancophone.org

Bibliographie

  • Quenneville Marie-Anne, praticienne et formatrice en focusing, Montréal, Canada. Entrevue le 5 janvier 2004.
    The Focusing Institute. [Consulté le 12 janvier 2009]. www.focusing.org
    Psycho-Ressources. [Consulté le 12 janvier 2009]. www.psycho-ressources.com

Notes

  1. Seeman J. Level of Experiencing and Psychotherapy Outcome, The Folio: A journal for Focusing and Experiential Therapy, vol. 15, no 2, Fall 1996/Winter 1997, p. 15.
  2. Hendricks MN. Le tableau « Increasing Experiencing Level Or Focusing Ability », dans l’article Focusing-Oriented/Experiential Psychotherapy, Humanistic Psychotherapy: Handbook of Research and Practice, American Psychological Association, États-Unis, 2001. Le texte est également disponible sur le site Internet du Focusing Institute. [Consulté le 13 janvier 2009]. www.focusing.org
  3. Focusing Partnership, The Focusing Institute. [Consulté le 13 janvier 2009]. www.focusing.org
  4. Lamboy B. Le Focusing. Le Journal de l’Association Française des Psychologues Cliniciens, 1998, n.4. www.focusing.org
  5. Katonah DG, Flaxman J. Focusing: An Adjunct Treatment for Adaptive Recovery from Cancer, Advocate Medical Group Center for Complementary Medicine, États-Unis. [Consulté le 13 janvier 2009]. www.focusing.org
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Art-Expressivité-thérapie de formation ACP*: (Approche Centrée sur la Personne) selon Carl Rogers et Natalie Rogers.

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